12_règles_pour_une_vie_(French_Edition)_(Jordan_b._Peterson)

les valeurs de quelqu’un déterminent ce à quoi cette personne prêtera attention,

Un homard avec un haut niveau de sérotonine et peu d’octopamine devient trop sûr de lui. Il aime à plastronner, et il est peu probable qu’il se retrouve sur le dos lorsqu’on le défie. La sérotonine l’aide à réguler la souplesse de son corps. Et plus un homard est souple, plus il peut étendre ses appendices pour paraître encore plus grand et plus dangereux,

« Car, à celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance. Mais, à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a. »

Ce violent principe de distribution inégale ne s’applique pas que dans le domaine financier. Il se retrouve dès lors qu’une production créatrice est nécessaire. La majorité des articles scientifiques sont publiés par un tout petit groupe d’experts. Une infime proportion de musiciens produisent presque l’ensemble de la musique commerciale enregistrée. Une poignée d’auteurs vendent la majeure partie des livres du marché.

Même le despote chimpanzé le plus brutal peut être vaincu par deux adversaires, pour peu qu’ils soient presque aussi violents que lui. Par conséquent, les mâles qui restent le plus longtemps au sommet sont ceux qui forment des coalitions avec leurs congénères de moindre statut,

Prenons la sérotonine, la substance chimique qui régit la posture et le réflexe de fuite chez le homard. Les individus de rang inférieur en produisent des quantités relativement faibles. C’est également vrai pour les humains, dont le rang diminue un peu plus à chaque nouvelle défaite. Un niveau peu élevé de sérotonine implique une perte de confiance en soi, une plus forte réaction au stress et un état d’alerte aux conséquences potentiellement fâcheuses. Car tout peut arriver à tout moment, dans les bas-fonds de la hiérarchie de domination, et ce sont rarement de bonnes nouvelles. Un faible niveau de sérotonine signifie moins de bonheur, plus de souffrance et d’angoisse, plus de maladies et une espérance de vie plus courte. Et ce aussi bien chez les humains que chez les crustacés. Plus haut dans la hiérarchie, avec un degré plus élevé de sérotonine, on tombe moins souvent malade et on meurt moins facilement, même à des niveaux de revenus et de nourriture équivalents. Difficile d’exagérer l’importance de ce fait.

Cependant, il arrive parfois que le mécanisme du régulateur se trompe. De mauvaises habitudes alimentaires ou de sommeil peuvent interférer avec son bon fonctionnement. L’incertitude peut le dérouter. Les différentes parties du corps ont besoin de fonctionner comme un orchestre. Si l’on souhaite éviter la cacophonie, chaque système doit jouer correctement sa partition, et au bon moment. C’est pour cette raison qu’il faut une routine pour automatiser les gestes du quotidien. Ils doivent devenir des habitudes stables et fiables pour perdre en complexité et gagner en prévisibilité et simplicité. On le remarque notamment chez les jeunes enfants, qui sont adorables, amusants et enjoués quand leur emploi du temps est stable, et infernaux, geignards et désagréables dans le cas contraire.

C’est pour ces raisons que j’interroge toujours mes patients en premier lieu sur leur sommeil. Se réveillent-ils à peu près à la même heure que tout le monde ? Tous les jours ? Si ce n’est pas le cas, je leur recommande d’abord de régler ce problème. Qu’importe s’ils se couchent ou non à la même heure le soir, il est indispensable de se lever à une heure identique le matin. Il est impossible de traiter l’angoisse et la dépression si le malade a un emploi du temps imprévisible. Les systèmes qui gèrent les émotions négatives sont intimement liés aux rythmes circadiens.

Alors, soignez votre posture. Cessez de vous avachir et de voûter le dos. Exprimez le fond de votre pensée et vos désirs, comme si vous aviez le droit de les assouvir. Comme les autres. Redressez-vous et regardez devant vous. Osez vous montrer dangereux. Incitez la sérotonine à couler à flots dans les canaux neuronaux assoiffés de son influence apaisante. Les gens, y compris vous-même, vont partir du principe que vous êtes compétent et capable, ou au moins ne concluront pas l’inverse en vous voyant. Enhardi par les réactions positives que vous recevrez désormais, vous finirez par être de moins en moins angoissé. Vous trouverez alors plus facile de prêter attention aux subtils indices sociaux qu’on échange en communiquant. Vos conversations se dérouleront mieux, avec moins de silences gênés. Cela vous donnera envie de rencontrer des gens, d’interagir avec eux, de les impressionner. Cela accroît la probabilité que de bonnes choses vous arrivent et vous donne aussi l’impression que celles-ci sont bien meilleures que prévu.

Mieux vaut apporter de la compétence aux personnes dont nous sommes responsables que de chercher à les protéger.

« Si un fusil est accroché au mur dans le premier acte, il faut qu’il serve dans l’acte suivant. Sinon, il n’a rien à faire là